6 - La Hoya de Huesca
La Hoya de Huesca est une contrée qui offre d’importants contrastes paysagistes.
En effet, deux grandes unités géographiques totalement opposées s’y font face : la moitié nord est occupée par les montagnes des sierras extérieures et au sud s’étendent à perte de vue de vastes plaines où alternent steppes et champs de céréale ; entre ces deux mondes, la transition est quasiment absente.
Le territoire est traversé par six rivières : le Gallego (qui marque la limite occidentale de la comarque), le Soton, l’Isuela, le Flumen, le Guatizalema, et l’Alcanadre.
La Hoya de Huesca est peuplée d’environ 64.500 habitants répartis essentiellement dans les villes et villages des plaines et du piémont des sierras extérieures. Au centre se trouve le chef-lieu, Huesca (53.000 habitants), également capitale de la province qui porte son nom.
La Hoya de Huesca possède un patrimoine naturel et culturel remarquable qui mérite que l’on s’y attarde longuement.
Côté nature tout d’abord, le visiteur sera séduit par la beauté singulière des paysages.
Des sites comme la célèbre Sierra de Guara ne peuvent que retenir l’attention pour l’aspect sauvage et souvent spectaculaire de ses gorges ; ne l’oublions pas, ici est né le canyoning.
Au sud des sierras extérieures, faisant souvent face aux vastes plaines de l’Ebre, apparaissent de curieuses et impressionnantes formations géologiques connues sous le nom de "Mallos".
Les Mallos sont de grands rochers escarpés généralement adossés au versant d’une montagne ; ils sont constitués de poudingue, une sorte de conglomérat sédimentaire qui s’est formé au cours du miocène et dont la couleur tire vers l’ocre. Se présentant généralement sous la forme de monolithes au sommet arrondi, ils sont striés d’innombrables petites alvéoles.
Les Mallos les plus connus sont ceux de Vadiello, de Salto de Roldan, de Agüero et surtout ceux de Riglos.
Placé au beau milieu des plaines céréalières, le grand lac de la Sotonera offre une intéressante vue panoramique de la chaîne pyrénéenne, s’étendant de Mallos de Agüero à l’ouest jusqu’au Pic de Guara à l’est. Autre lac d’intérêt, celui de Vadiello, calme, reposant et féerique.
La Hoya de Huesca possède un héritage architectural très abondant issu d’une histoire riche et tumultueuse.
Longtemps occupée par les arabes, puis reconquise par les chrétiens (fin du XIe siècle, début du XIIe siècle), la Hoya de Huesca fut un territoire très disputé par ces deux grandes civilisations.
De cette époque, méritent d’être soulignés le monastère-forteresse de Montearagon et surtout le superbe château roman de Loarre, le plus ancien d’Espagne et l’un des mieux conservés en europe.
Huesca se distingue, entre autre, par son architecture religieuse dont les plus belles représentations sont certainement la cathédrale et l’église de San Pedro el Viejo. A Bolea, le visiteur pourra admirer l’imposante église-collégiale de Santa Maria et à Murillo de Gallego c’est l’église de la Virgen de la Liena qui retiendra l’attention par ses airs de forteresse.
Parmi les sites les plus insolites, figure l’ermitage de la Virgen de la Peña étonnement construit dans la cavité d’une falaise près d’Aniés.
Dans quelques villages, comme à Alcala de Gurrea, les tours mudéjars des églises rappellent le passé moresque de la région, tandis qu’à Agüero les sculptures du maître San Juan de la Peña ornent le portail de l’église de Santiago par des représentations de scènes de la vie des chrétiens du XIIe siècle.
Anecdote historique intéressante, l’ouest de la contrée fut un temps un royaume indépendant nommé « Reino de los Mallos ». A l’occasion de son mariage avec l’italienne Doña Berta, le Roi d’Aragon Pedro Ier offrit comme dote à sa nouvelle épouse les territoires d’Agüero, d’Ayerbe, de Concilio, de Marcuello, de Murillo, et de Riglos. L’ensemble de ces localités devint un nouveau royaume, celui des Mallos, et dont le seul et unique monarque fut la reine Doña Berta.
Minuscule et éphémère, ce royaume disparut peu de temps après la mort du Roi Pedro Ier (1104) lorsque le nouveau roi d’Aragon, Alfonso Ier, repris le control des terres appartenant à la reine Doña Berta (vers 1110).