Aljaferia de Saragosse.

 

Une terre d'histoire

 

Des premières peuplades aux celtibères.

La région aragonaise est habitée par l’homme depuis au moins 100.000 ans, mais c’est à partir du paléolithique moyen (- 15.0000 / - 40.000 ans) qu’il laisse derrière lui des traces significatives de son existence. Les hommes de cette époque sont des nomades qui vivent de la chasse et de la cueillette ; ils maîtrisent le feu ainsi que le travail de la pierre.

La période du paléolithique supérieur (- 40.000 / - 10.000 ans) est marquée par l’apparition des peintures rupestres (représentations d’animaux divers et quelques scènes de chasse). Ces œuvres d’art préhistoriques foisonnent notamment dans les nombreuses grottes et abris sous roche qui s’échelonnent tout au long de la vallée du rio Vero (Sierra de Guara).

Grottes du rio Vero.
Peinture rupestre.

Au début du néolithique (- 7.500 / - 2.500 ans) les populations se sédentarisent, pratiquent l’élevage et la chasse ainsi qu’une agriculture assez rudimentaire. Ces hommes connaissent la poterie, le tissage et savent fabriquer des outils et des armes en pierre polie. Les monuments funéraires mégalithiques font leur apparition.

Durant l’âge de bronze (- 2.500 / - 900 ans), on constate une généralisation de la sédentarisation ; les villages sont nombreux, stables et parfaitement organisés.
Contrairement aux époques antérieures, ce sont des fosses individuelles qui sont utilisées pour les enterrements. Parmi les sépultures mises à jour par les archéologues, on constate l’existence de cistes mégalithiques où le mort est placé en position accroupie.

Au IXe siècle avant J.C., les celtes s’établissent dans la vallée de l’Ebre alors peuplée de tribus ibériennes et vasconnes. Avec le temps, les populations celtes et ibériennes se mêleront pour donner naissance à la civilisation celtibère.

Les romains.

Les romains arrivent dans la région aragonaise en l’an 218 avant J.C. Commence alors un long processus de romanisation des populations autochtones.

Parmi ces dernières, les celtibères font preuve d’une forte hostilité envers Rome alors que les vascons, pour leur part, optent pour la collaboration.
La résistance des celtibères se traduit par de nombreuses batailles contre les romains, l’une des plus célèbres d’entre elles fut celle qui eut lieu près de Magallon : 22.000 combattants celtibères y furent massacrés.
Ces temps troublés cessèrent en l’an 133 avant J.C., année où capitula la dernière grande cité celtibère.

Vestiges romains de los Bañales.

Avec l’arrivée de Rome, des routes sont tracées, des temples et des thermes sont construits, les sous-sols sont exploités afin d’en extraire leurs minerais, et de nombreuses cités sont soit créées, soit conquises.

Salduba, une ville celtibère de la vallée de l’Ebre, devient à l’initiative de l’empereur Auguste une colonie romaine qu’il nomme Caesaraugusta (Saragosse).

Caesaraugusta deviendra rapidement la cité la plus florissante de la région, provoquant par ailleurs l’affaiblissement, voire la disparition de quelques colonies proches. En ses temps de splendeur, cette cité de 30.000 habitants dispose de thermes, de temples, d’un cirque, d’un forum ainsi que d’un grand théâtre pouvant accueillir 6.000 personnes.

Durant l’occupation, les populations indigènes sont libres de conserver leurs langue, religion et traditions. Cependant, au fil du temps, le latin et les coutumes romaines finissent par s’imposer jusqu’au pied des Pyrénées (vascons et celtibères iront même jusqu’à servir dans les troupes auxiliaires de l’armée romaine). Plus au nord, de nombreuses vallées isolées demeurent plus ou moins à l’écart de la romanisation.

Pacifiée, la région connaît une longue prospérité qui ne s’achèvera qu’à l’approche du Ve siècle après J.C. Ce siècle annonce la fin de la suprématie romaine en Espagne (affaiblissement du pouvoir politique, nombreux soulèvements de la population, invasions dévastatrices par les barbares, etc).

Les wisigoths.

Au début du VIe siècle, les wisigoths franchissent les Pyrénées par l’ouest et par l’est, puis s’installent dans les provinces romaines d’Espagne alors sur le déclin.

Les wisigoths sont pour l’essentiel de simples paysans en quête d’une nouvelle patrie.
Ils s’établissent sans difficulté dans les principales cités romaines et, en se mêlant à la population autochtone, répandent une nouvelle religion jugée jusque-là illicite par Rome : le christianisme.

Rois wisigoths.

Bien que reconnaissant l’empereur de Rome, les wisigoths revendiquent l’exercice du pouvoir dans leur nouveau royaume. Afin d’annoncer clairement leur indépendance, ils battent leur propre monnaie.

La monarchie wisigothique durera plus de deux siècles. Mais en l’an 711, des troupes musulmanes pénètrent en Espagne et s’emparent de Tolède (Toledo), la résidence des rois wisigoths.
Le règne des wisigoths s’achève.

L’occupation musulmane et la reconquête chrétienne.

En 711, profitant des divisions politico-religieuses qui déchirent la monarchie wisigothique, des troupes maures se lancent dans la conquête de la péninsule ibérique.

Les musulmans atteignent la vallée de l’Ebre au printemps de l’an 714 et s’y établissent sans rencontrer de résistances notables de la part des autochtones. Les nobles wisigoths sont toutefois contraints à prendre la fuite vers les Pyrénées tandis que l’essentiel de la population demeure dans la région et s’adapte aux nouveaux maîtres.

Le processus d’islamisation est très rapide. En tout lieu, des mosquées et diverses bâtisses sont élevées, favorisant ainsi la propagation de la culture arabe.
De nombreux villages partiellement désertés sont colonisés et d’autres sont créés.
Saragosse est rebaptisée Sarakusta par l’arabe Musa Ben Nusayr. Également surnommée Medina Al-Baida (la ville blanche) en raison de ses habitations peintes à la chaux, Sarakusta deviendra l’une des plus importantes cités arabes de la péninsule ibérique.

La population pré-musulmane se convertit majoritairement à l’islam, alors que la petite minorité restante maintient sa fidélité envers à la chrétienté. Ces derniers, que l’on nomme les « mozarabes », vivent dans des quartiers spécifiques ; bien que s’habillant à l’orientale et parlant l’arabe, ils sont autorisés à conserver leurs langue, lois et coutumes, mais doivent en contrepartie s’acquitter d’un impôt spécial.

Isolés dans quelques vallées Pyrénéennes, les chrétiens commencent à s’organiser.
En 825, le basque Iñigo Arista devient le premier souverain du royaume de Pampelune.
Plus à l’est, dans la vallée du rio Aragon, prend forme ce qui deviendra bien plus tard le puissant Royaume d’Aragon. Mais pour l’heure il ne s’agit que d’une petite population chrétienne modestement organisée et essentiellement concentrée dans les bougades de Jaca, Anso et Hecho.

Pour faire face aux assauts répétés de Pampelune, le calife Abd Al-Rahman III établit le quartier général de son armée à Tudela (ville créée par l’arabe Amrus Yusuf Al Muwallad en 802 et nommée à l'époque Tutila). En 975, deux cents cavaliers chrétiens partis du village de Sos sont massacrés au sud de cette ville.

La frontière entre chrétiens et musulmans n’est pas clairement définie, il convient plutôt de parler de zone de contact.
Cette zone est constituée par les sierras pré-pyrénéennes (Santo Domingo, Guara, etc). Tout au long, d’ouest en est, les chrétiens lèveront de nombreux châteaux afin de faire face aux forteresses arabes d’Ejea, d’Ayerbe, de Bolea, de Huesca, d’Alquézar, de Naval, de Barbastro, de Graus et de Benabarre.

Les nombreux conflits entre les deux civilisations sont essentiellement motivés par des haines religieuses, et de plus pour les chrétiens par une soif d’expansion territoriale.
Toutefois les relations entre musulmans et chrétiens ne sont pas toujours empruntes d’hostilités. Il existe, entre quelques batailles et provocations, de longues périodes de paix durant lesquelles les échanges commerciaux et culturels sont assez courants. Afin d’entretenir ces relations, des alliances matrimoniales prennent forme, notamment entre des monarques de Pampelune et des familles arabes de Exea (Ejea) ou de Tutila (Tudela).
Soldats chrétien et musulman au combat.

En ces temps de paix, la prospérité rayonne au nord comme au sud ; mais ce sont les musulmans qui en tirent le plus grand profit. Sarakusta et Wasca (Huesca) connaissent une grande splendeur économique et culturelle grâce notamment à leurs nombreux commerçants, artisans, médecins, astronomes, mathématiciens, philosophes et poètes. Les produits de luxe excèdent dans le raffinement et font sensation auprès des chrétiens du nord (parfums, bijoux, tapis, tissus, articles de cuir et d’ivoire, etc). L’agriculture accède à un niveau de développement jamais atteint à l’époque en généralisant dans toute la région de l’Ebre des techniques d’irrigation parfaitement maîtrisées.

Paradoxalement, cette grande prospérité apparaît à une époque où le pouvoir central de Cordoue perd de son autorité. En effet, il se forme en divers lieux des petits royaumes indépendants nommés « Taifas ». L’émergence de ces Taifas conduira par la suite à de nombreuses tensions et rivalités entre les chefs arabes de la vallée de l’Ebre. Ce désordre naissant demeure une aubaine pour les chrétiens dans leurs efforts de reconquête.

- Règne de Sancho III « le Grand » -

Entre 1004 et 1035, le roi de Navarre Sancho III « le Grand » étend son royaume jusqu’aux régions actuelles de la Castille, de l'Aragon et de l'Aquitaine. Mais la vallée de l’Ebre reste dans le giron des musulmans.

Sancho III « le Grand » meurt en 1035, la vaste Navarre est alors divisée en plusieurs petits royaumes. Ramiro, fils du défunt roi, devient le premier roi d’Aragon.

- Règne de Ramiro Ier -

L’Aragon, petit réduit chrétien enclavé dans les montagnes pyrénéennes, vit d’une économie pastorale et agricole prospère. Sa démographie est en constante augmentation grâce notamment à l’afflux de réfugiés fuyant les territoires arabes.

Dès le début de son règne, Ramiro Ier ambitionne d’étendre son royaume jusqu’à la vallée de l’Ebre ; mais les puissants postes avancés musulmans restent très dissuasifs.
En 1038, année du décès de son frère Gonzalo, il prend le contrôle du Sobrarbe et de la Ribagorza.
Au milieu du XIe siècle, Jaca est proclamé capitale du royaume d’Aragon et est placé sous l’autorité des archevêques d’Auch.
A la fin de son règne, Ramiro Ier décide de lancer une audacieuse offensive contre Barbastro, importante ville musulmane protégée par les forteresses de Graus, de Grado et d’Alquézar.
L’assaut de Graus en 1063 se solde par une défaite retentissante : le roi Ramiro Ier est mortellement blessé par un arbalétrier arabe et les troupes chrétiennes subissent de lourdes pertes.

L’échec de Ramiro Ier met en évidence la nécessité pour les rois chrétiens d’unir leurs forces dans la lutte contre l’islam. Mais cette union ne pourra se faire du jour au lendemain car certains de ces rois assurent la protection de bon nombre de chefs arabes qui leur payent en retour d’importants tributs.

- Règne de Sanho Ramirez -

Sancho Ramirez, fils du roi Ramiro Ier, monte sur le trône à l’âge de dix-huit ans. Rapidement, il décide de relancer l’offensive aragonaise contre Barbastro avec cette fois l’appui de précieux alliés parmi lesquels le comte d’Urgel et le duc d’Aquitaine Guillaume VIII.

Ce grand rassemblement de force se retrouve devant Barbastro en juin 1064.
La cité musulmane capitule après plusieurs semaines de siège, elle est alors livrée à de terribles excès de la part des chevaliers chrétiens (pillages, assassinas, violes, etc).

L’année suivante, les musulmans lancent une contre-offensive qui leur permet de récupérer Barbastro.

En 1078, Sancho Ramirez mène quelques raids dans les environs de Saragosse, puis fait construire la forteresse de Castellar à vingt kilomètres à peine de la ville blanche.

Castillo de Montearagon.

Mais pour l’heure, la priorité reste la prise de Huesca.

Pour arriver à cette fin, Sancho Ramirez s’empare de nombreuses positions musulmanes afin d’isoler la cité. Ayerbe, Alquézar, Graus et bien d’autres tombent dans le giron aragonais. Il fait construire à proximité de Huesca la forteresse de Montearagon, qui s’ajoute ainsi à la vingtaine de forteresses déjà existantes entre Uncastillo et Benabarre.

Huesca ainsi isolé peut enfin être attaqué.
La bataille commence au printemps 1094 mais cesse rapidement ; la raison : le roi Sancho Ramirez est tué par le tir d’une flèche arabe.

- Règne de Pedro Ier -

Pedro Ier, fils du défunt roi, accède au trône avec la ferme intention de s’emparer de Huesca.

La bataille ne commence que deux ans et demi plus tard.
Les troupes de l’émir de Saragosse (Almostain Billah Abu Giafar), venues prêter main forte à la garnison arabe de Huesca, sont contraintes à battre en retraite devant la détermination chrétienne.
Huesca capitule le 25 novembre 1096.

L’Aragon peut enfin s’étendre vers l’Ebre et devient une menace de plus en plus sérieuse pour Saragosse. Pour affirmer leur victoire et leur détermination, les Aragonais transfèrent leur capitale de Jaca à Huesca.

En cette fin du XIer siècle, alors que l’Europe part en croisade en Palestine, le pape Urbain II lance un appel aux rois chrétiens d’Espagne pour les inciter à combattre l’Islam.
La reconquête des territoires de l’Ebre est désormais préconisée par la papauté.

Pedro Ier lance de nouvelles offensives en divers lieux et prend le contrôle de nombreux sites parmi lesquels Pertusa, Calasanz, Barbastro, Bolea, etc. En vue de la prise de Saragosse, il établit un camp avancé à seulement cinq kilomètres de la ville blanche ; son nom : « Deus o Bol » pour « Dieu le veut » (actuel village de Juslibol).

Le roi Pedro Ier meurt sans descendance en 1104 ; c’est donc son frère cadet, Alfonso, qui lui succède.

- Règne d'Alfonso Ier « le Batailleur » -

Alfonso Ier est un guerrier dans l’âme. Avant même d’accéder au trône, il s’était déjà forgé une solide expérience de la guerre en combattant les musulmans en divers lieux de la péninsule Ibérique, ce qui lui valut le surnom de « Batailleur ».

Durant son règne, il poursuivra de façon spectaculaire les efforts de reconquête en territoire arabe et étendra les limites de l’Aragon au-delà de l’Ebre.

En 1105, la puissante ville de Ejea (nommée « Exea » par les arabes) capitule.

En 1108, la quasi-totalité de la région des Cinco Villas est occupée par les chrétiens. C’est par ailleurs dans cette région que le roi Alfonso Ier établit un énorme poste militaire. Ce poste constitue un site stratégique de grande importance puisque c’est d’ici que partiront les troupes chrétiennes pour attaquer les territoires arabes de Saragosse et de Tudela.

En 1110, l’émir de Saragosse Al-Mustain II attaque les chrétiens qui vivent entre Olite et Tudela. Des combattants chrétiens venus à la rescousse écrasent les musulmans à Valtierra ; Al-Mustain II est tué durant l’affrontement et la ville de Valtierra tombe dans le giron du roi Alfonso Ier.

Les premières manœuvres visant la prise de Saragosse débutent en 1117.

Pour entreprendre une telle expédition, Alfonso Ier peut compter, en plus des armées Navarraises et Aragonaises, sur l’aide des troupes Castillanes et Gasconnes. Le « Batailleur » se retrouve donc à la tête d’une immense armée.

L’encerclement de Saragosse commence en 1118. Les faubourgs sont pris d’assaut, obligeant les arabes à se retrancher derrière les murailles de la citée musulmane ; commence alors un long siège.

En territoire Al-Andalus (Andalousie), Abd-Allah-Mazdali rassemble des troupes provenant de Cordoue et de Grenade et les envoie secourir Saragosse. Des combattants chrétiens tentent sans succès d’intercepter les renforts Andalous prés de Tarazona ; ces dernières se fixent à Tudela.

A Saragosse, les arabes réduits à la famine sont contraints de capituler après huit mois de siège.

La chute de cette grande cité provoque la stupéfaction du monde musulman.

En 1119, les armées du « Batailleur » poursuivent leurs offensives vers l’ouest et s’emparent de Tudela, de Borja et de Tarazona. Avec la prise de ces trois villes, c’est toute la région des Bardenas Reales qui passe sous le contrôle des chrétiens.

Le roi Alfonso Ier établit un protocole dès la reddition musulmane : les musulmans qui le désirent peuvent quitter la région avec tous leurs biens ; les autres sont autorisés à demeurer sur place mais doivent s’acquitter d’un impôt spécial pour pouvoir conserver leurs langue, lois, coutumes et religion. Ces derniers seront désormais nommés « mudéjars », terme qui vient du mot arabe « mudayyan » qui veut dire « soumis ».

Ce protocole fort généreux à pour but d’éviter la désertion des villes et des campagnes et d’exploiter le savoir-faire des arabes, réputés bons artisans et excellents agriculteurs. Dans les villes, les musulmans vivront désormais dans des quartiers qui leur seront propres, seuls leurs rites et leur manière de s’habiller permettront de les différencier des chrétiens.

Le décès du roi Alfonso Ier « le Batailleur » survient en 1134.

Carte de la Reconquista.

 

L'esprit combatif et conquérant d'Alfonso Ier « le Batailleur » a donc permis au Royaume d'Aragon de s'étendre jusqu'aux rives de l'Ebre, et même au-delà. La chrétienté avance, l'islam recule, les spectaculaires victoires de ce grand Roi sont telles que les conquêtes territoriales des rois qui lui succéderont paraitront presque anecdotiques.

- Règne de Ramiro II « le Moine » -

Alfonso Ier n’ayant point d’héritiers, la noblesse aragonaise fait appel à son frère Ramiro afin qu’il monte sur le trône.

Ramiro II était moine dans le monastère de Saint-Pons-de-Thomières en France. Nullement intéressé par la guerre et par la politique, c’est contraint et forcé qu’il accepte de succéder à son frère ; tout au moins temporairement.

Le nouveau roi règne avec efficacité mais son autorité souffre de son passé monastique, le pouvoir royal est donc rapidement mis en péril par la désobéissance de nombreux seigneurs aragonais.
Pour y remédier Ramiro II convoque les plus turbulents d’entre eux afin de leur montrer, leur dit-il, une cloche que l’on pourrait entendre dans tout le royaume. Intrigués, les seigneurs se rendent au château royal et pénètrent les uns après les autres dans une pièce où ils sont aussitôt décapités. Quinze têtes sont ainsi disposées en rond sur le sol, la seizième est placée au milieu tel un battant.
Cet épisode se propagea effectivement dans tout le royaume et les seigneurs aragonais, terrifiés, retrouvèrent respect et obéissance envers le roi.

Ramiro II épouse Agnès de Poitiers qui lui donnera une fille, Petronila. Après quoi, il abandonne le pouvoir et se retire au monastère de San Pedro el Viejo de Huesca.

- Règne de Petronila -

Petronila hérite de la couronne d’Aragon en 1137 alors qu’elle n’a que deux ans. C’est alors à Ramon Berenguer IV, comte de Barcelone, qu’est donné de gouverner le royaume avec le titre de prince d’Aragon.

Ramon Berenguer IV engage et gagne de nombreuses batailles contre les maures en divers lieux de la vallée de l’Ebre, entre la Navarre et la côte méditerranéenne.
Il épouse Petronila en 1151 et meurt dix ans plus tard prés de Gerona (Catalogne).
La reine Petronila décède à Barcelone en 1172.

- Règne d'Alfonso II -

Alfonso II, fils de Petronila et de Ramon Berenguer IV, devient roi d’Aragon et du comté de Barcelone. Il obtient par héritage les comtés de Provence (1166) et du Roussillon (1172). Sa seule grande victoire sera probablement la prise de Teruel en 1171.

Alfonso II meurt à Perpignan en 1196.

- Règne de Pedro II -

Pedro, fils du défunt roi Alfonso II, est couronné à Rome par le pape Innocent III. Afin de couvrir les frais de son voyage, il instaure dans son royaume un nouvel impôt très controversé.

En 1213, il part avec ses troupes porter assistance à son allié Raymond VI, comte de Toulouse, alors en guerre contre Simon de Montfort. Pedro II est tué durant la bataille de Muret.

- Règne de Jaime Ier -

Jaime Ier, dit « le Conquérant », s’empare de Majorque, de Valence, de Murcie, de la Cerdagne et du Roussillon.

En 1265, le Justicia lui est imposé par les Cortes aragonais (assemblées réunissant le roi et divers personnages importants du royaume tel que les nobles, les hommes d’église, les chevaliers, etc). Le Justicia est une sorte de tribunal chargé de défendre ou de réprimer les aragonais, quel que soit leur rang social, du roi au simple paysan.

Jaime Ier meurt en 1276 à Valence après un règne de soixante-trois ans.

- Règne de Pedro III -

Le nouveau roi est couronné en novembre 1276 à Saragosse par l’archevêque de Tarragone.

En accédant au trône d’Aragon, Pedro III hérite également de la Catalogne et de Valence. Il établit des alliances avec la Castille, la France et l’Angleterre et par en guerre contre Felipe, oncle de Carlos d’Anjou.

Durant son règne, la révolte des nobles aragonais le contraindra à leurs accorder de nombreux privilèges.

Pedro III meurt en l’an 1285.

- Règne de Alfonso III -

Alfonso III, fils du précédent roi, est couronné à Saragosse par l’archevêque de Huesca.

En 1288, il soumet les musulmans de l’île de Minorque. En juin 1291, alors qu’il est sur le point de contracter mariage avec Eléonor, fille du roi d’Angleterre, il meurt d’un mal foudroyant en seulement trois jours.

Alfonso III est décédé à Barcelone à l’âge de 27 ans.

- Règne de Jaime II -

Frère d’Alfonso III et fils de Pedro III, Jaime II accède au trône d’Aragon alors qu’il est déjà roi de Sicile.

Il meurt à Barcelone en novembre 1327.

- Règne de Alfonso IV -

Le cours règne du fils de Jaime II ne sera marqué que par une guerre, celle qu’il déclarera aux Génois et dont il ne verra pas même la fin puisqu’il décède avant son terme en janvier 1335.

- Règne de Pedro IV « le Cérémonieux » -

Le nouveau roi d’Aragon s’empare du royaume de Majorque et du comté du Roussillon qui appartenaient à son cousin (ce dernier est tué durant une bataille en 1349).

Pedro IV parvient à supprimer la puissante union des nobles aragonais qui était placée depuis le règne de Pedro III sous la protection des Cortes et du Justicia. Les nombreux privilèges dont bénéficiaient ces nobles sont alors annulés.

En 1356, débute une guerre dévastatrice qui durera six ans entre la Castille et l’Aragon.

Pedro IV meurt en janvier 1387 à Barcelone.

- Règne de Juan Ier -

Juan Ier a mené quelques batailles contre les Génois de Sardaigne et en Sicile.

Il est décédé à la suite d’une chute de cheval en mai 1396.

- Règne de Martin Ier -

Juan Ier étant mort sans avoir de fils, c’est son frère Martin qui lui succède au trône.

Le nouveau roi d’Aragon annexe la Sicile en 1397.

Martin Ier meurt sans successeur direct en 1410. Commence alors un interrègne qui durera deux ans ; le « Compromis de Caspe » se voit confié la charge de désigner le futur roi d’Aragon parmi cinq prétendants au trône.

- Règne de Fernando Ier -

La succession de Martin Ier est donc réglée par le « compromis de Caspe ».

Fernando d’Antequera devient le premier roi d’Aragon de souche castillane. En échange, les nobles aragonais lui imposent la restitution de certains privilèges qui furent annulés du temps de Pedro IV.

Le règne de Fernando Ier s’achève en moins de quatre ans et c’est son fils Alfonso qui lui succède.

- Règne d'Alfonso V -

Le jour même de la mort de son père, Alfonso V est proclamé roi d’Aragon, de Valence, de Barcelone, de Majorque, de Sicile et de Sardaigne.

Alfonso V passera la quasi-totalité de son règne en Italie, laissant à sa femme le soin de gouverner l’Aragon. Il combattra durant de longues années et en divers lieux les troupes de Luis d’Anjou dans la perspective de l’acquisition du royaume de Naples. Après son entrée victorieuse dans Naples, il mène une vie de mécène jusqu’à sa mort dans cette même ville en juin 1458.

- Règne de Juan II -

Alors qu’il est déjà roi de Navarre, Juan II succède à son frère mort sans descendance. Il devra durant une grande partie de son règne faire face à l’hostilité des catalans.
Sa deuxième femme, Juana Enriquez, lui donnera un fils qu’il nommera Fernando.
Juan II meurt en janvier 1479.

- Règne de Fernando II « le Catholique » -

Bien avant de succéder à son père, Fernando (prince d’Aragon et roi de Sicile) avait contracté mariage avec Isabel, reine de Castille. Son arrivée au trône d’Aragon unifie donc les deux grands royaumes chrétiens.

Fernando II « le Catholique » est ainsi le dernier roi d’Aragon et le premier d’Espagne. Toutefois, l’union de l’Aragon et de la Castille n’est pas totale puisque de nombreuses différences subsisteront entre les deux royaumes (lois, institutions, monnaie, etc).

La fin de la reconquête.

Grenade, la dernière enclave musulmane d’Espagne, capitule en 1492.

Les juifs, refusant la conversion au christianisme, sont expulsés du royaume.

En 1512, la couronne d’Espagne annexe la Navarre.

Et en 1610, le Duc de Lerma expulse du royaume la communauté mudéjar. Cette expulsion aura des effets catastrophiques pour l’économie du pays, tout particulièrement dans les domaines de l’artisanat et de l’agriculture. Autres conséquences de ce départ massif, de nombreux villages resteront partiellement, voir totalement abandonnés durant plusieurs décennies.

 

Les textes, cartes et photographies figurant dans ce site internet sont de Frédéric Moncoqut
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