Désert des Monegros.

 

Une terre de contrastes


Haute montagne.

Une mosaïque de paysages.

La moitié nord de l’Aragon s’étend sur les provinces de Saragosse (partiellement) et de Huesca.
Deux grandes unités géographiques radicalement différentes s’y côtoient : des montagnes au nord (le Haut-Aragon) et des plaines au sud (la vallée de l’Ebre), ce sont ainsi deux univers opposés qui se font face.

La structure orographique Aragonaise est organisée en une série de bandes parallèles qui suivent une orientation est-ouest, légèrement inclinée vers le sud-est.

A l’extrême nord s’étire l’épine dorsale de la chaîne Pyrénéenne, nommée « zone axiale » par les géographes et dont la crête marque la frontière Franco-Espagnole. Figurent ici les plus hauts sommets pyrénéens : l’Aneto (3.408 m), le Posets (3.371 m), etc.

Viennent ensuite de non moins imposantes montagnes culminant à plus de 2.500 mètres (pics de Collarada, de Cotiella, du Mont Perdu, etc). Leurs cimes enneigées dominent de larges et superbes vallées glacières parmi lesquelles méritent d’être soulignées celles de Tena, d’Ordesa, de Pineta et de Benasque.
Puis apparaît une dépression sub-pyrénéenne particulièrement marquée à l’ouest par le canal de Berdun.

En progressant vers le sud, se dressent diverses sierras dites « extérieures ». Leur altitude est moindre puisque ne dépassant jamais les 2.000 mètres à l’exception du pic de Guara qui, avec ses 2.077 mètres, est le point culminant de cette zone de moyenne montagne. Ici, les paysages semblent plus torturés qu’ailleurs notamment dans la célèbre Sierra de Guara, réputée pour ses nombreux canyons dont les plus connus et les plus beaux sont sans conteste ceux de Mascun et de Vero.

A l’extrême sud du Haut-Aragon, faisant face aux plaines de l’Ebre, d’étranges vigies semblent monter la garde : ce sont de spectaculaires falaises de poudingue répondant aux noms de Mallos de Agüero, de Riglos, de Salto de Roldan ou de Liguerri.

La transition entre la montagne et la plaine est rapide, surtout au niveau de Huesca où elle s’avère presque inexistante. D’ici, s’étend vers le midi la vaste région de la vallée de l’Ebre.
Il s’agit d’une gigantesque dépression semi-aride, un ancien golfe marin comblé constellé de glacis d’érosion, de terrasses fluviales et de collines tabulaires. Les massifs montagneux, peu nombreux et peu élevés, culminent pour les plus importants entre 500 et 822 mètres d’altitude (Sierra de Pallaruelo, Sierra de la Muela, Planas de la Negra, Sierra Gorda, Montes de Castejon et Sierra de Alcubierre).
Tout autour de Saragosse, les pénuries en eau et la pauvreté des sols confèrent aux paysages des airs de désert, notamment dans les Monegros et à l’approche des Bardenas Reales (Navarre).

Deux mondes, deux climats.

L’Aragon présente de forts contrastes climatiques, allant d’une climatologie alpine à une climatologie sub-désertique en l’espace de quelques 120 kilomètres.

- La zone montagneuse -

Loin d’être uniforme, la météorologie du Haut-Aragon présente de nombreuses nuances qui dépendent de l’altitude, de l’exposition et de la situation géographique.
L’extrême nord se veut alpin avec de fortes influences océaniques.
Formant une véritable barrière naturelle, les hauts sommets pyrénéens freinent l’avancé des nuages provenant de l’atlantique. On constate de ce fait une importante baisse de la pluviométrie au fur et à mesure que l’on progresse vers le sud (plus de 2.000 mm/m² dans les hautes vallées du nord, moins de 600 mm/m² dans les sierras méridionales). Les pluies s’abattent pour l’essentiel durant le printemps et l’automne ; elles sont bien souvent brèves mais conséquentes et entrecoupées de longues périodes sèches.
Les hivers sont assez froids, surtout dans les plus hautes vallées où l’on a déjà relevé des températures de –30° (cas extrême).
Les étés sont particulièrement chauds ; dans les sierras extérieures les 35° à l’ombre ne sont pas rares et le caractère continental et méditerranéen de la zone est marqué par de fréquents orages secs.

- Les plaines de l’Ebre -

Cette vaste région connaît un climat continental-méditerranéen à tendance clairement semi-aride.
L’insolation y est intense. Les températures estivales, caniculaires, atteignent allègrement les 35° et de fréquentes vagues de plus fortes chaleurs peuvent faire monter le thermomètre jusqu’à 45° à l’ombre.

La vallée de l’Ebre, dans sa partie centrale, est considérée comme étant la région la plus chaude de la péninsule ibérique après le bassin du Guadalquivir en Andalousie.

Ce qui frappe est donc avant tout cette aridité, marquée par une pluviosité peu abondante (moins de 300 mm/m² annuel dans les Monegros) qui se distingue par sa brièveté et sa violence. Les pluies s’abattent généralement de manière irrégulière, laissant entre deux averses une longue période sèche. En été, la pluviosité est quasi-inexistante ; les orages secs, par contre, sont fréquents.

Zone aride et désertique des Monegros.

Le vent, qui est une constante dans la région, accentue encore d’avantage l’aridité en provoquant l’assèchement des sols et l’évaporation rapide des eaux stagnantes nées des dernières averses.
Le Cierzo est un vent frais et sec qui souffle par rafales à 20 à 30 km/heure dans un sens nord-ouest / sud-est. Ce vent peut parfois se montrer bien plus puissant avec des vitesses comprises entre 70 et 120 Km/heure. Il souffle toute l’année avec une prédominance pour le printemps. Il apparaît lorsque des basses pressions se forment au-dessus de la méditerranée et des hautes pressions occupent l’atlantique. Mais lorsque des basses pressions se forment à l’ouest et au-dessus de l’Espagne, un autre vent apparaît : le Bochorno. Celui-ci souffle dans un sens opposé au Cierzo et se manifeste essentiellement en été où il apparaît chaud et sec. Le reste de l’année, il se raréfie et devient frais et humide.

Le vent est une énergie gratuite et inépuisable. Ainsi, depuis le début des années 2000, les aérogénérateurs (éoliennes couplées à une dynamo et à un alternateur) fleurissent dans toute la vallée de l’Ebre.

Autre élément climatique d’importance, les bancs de brouillard, très fréquents en hivers, peuvent rester stationnaires durant plusieurs jours d’affilé, réduisant ainsi la visibilité à quelques centaines de mètres, voire moins.

L’eau, entre abondance et pénurie.

Bien qu’inégalement réparties, les ressources hydriques aragonaises n’en sont pas moins abondantes.
Glaciers, neiges, rivières, couches géologiques aquifères (Sierra de Guara et Mont Perdu), lacs d’altitude et lacs à barrage font du Haut-Aragon un véritable château d’eau pour le reste de la région.
A l’extrême sud, coule le lent et paresseux rio Ebro, le deuxième grand fleuve ibérique (930 km de long).
Entre les deux s’étend une terre pauvre et assoiffée : la vallée de l’Ebre.

Les rivières aragonaises prennent toutes leur source dans les montagnes pyrénéennes (rios Aragon, Gallego, Ara, Cinca, Esera, Isabena et Noguera Ribagorzana) et prépyrénéennes (rios Arba, Flumen, Alcanadre, Guatizalena et Vero). A l’exception du rio Aragon, elles suivent une orientation nord / sud en se frayant non sans difficulté quelques passages au travers de nombreux défilés plus ou moins étroits.

En débouchant sur les plaines de l’Ebre, ces rivières ne rencontrent plus guère d’obstacles et vont verser leurs eaux dans l’Ebre soit directement comme les rios Aragon, Arba et Gallego, soit par l’intermédiaire du Segre qui draine à lui seul près de la moitié des Pyrénées espagnoles.

Le débit des cours d’eau est très variable puisque tributaire de la fonte des neiges (mai et juin) et des pluies du printemps et de l’automne. Lors des crues, le débit peut augmenter de dix à soixante fois selon les secteurs, alors qu’en été le lit démesurément large des rivières aragonaises n’est bien souvent occupé que par un mince filet d’eau se perdant au milieu d’un champ de cailloux.

Lac de Escales.

Particulièrement nombreux, les lacs artificiels se situent presque tous en zone de montagne. On en dénombre plus d’une trentaine de toutes tailles, la majorité ayant une capacité inférieure à 20 Hm3.

Les grandes retenues d’eau aragonaises sont celles de Lanuza (25 Hm3), de Bubal (66 Hm3) , de Barasona (85 Hm3) , de Escales (158 Hm3) , de la Sotonera (189 Hm3) , de Santa Ana (240 Hm3) , de Grado (400 Hm3) , de Mediano (450 Hm3) , de Yesa (470 Hm3) , de Canelles (678 Hm3) et de Mequinenza également nommée « Mer d’Aragon » (1.530 Hm3) .

Ces lacs à barrage servent à l’irrigation, à l’hydroélectricité et pour quelques-uns à la consommation publique.

Le fort potentiel en eau des montagnes aragonaises a autorisé, par l’intermédiaire de quelques retenues d’eau, la mise en irrigation des terres arides de la vallée de l’Ebre.
Le premier grand canal construit est l’Impérial d’Aragon (XVIIIe siècle) ; il court parallèlement au rio Ebro entre Fontellas en Navarre et Fuentes de Ebro au sud-est de Saragosse.
Le milieu du XXe siècle a vu la naissance de cinq autres grands canaux d’irrigation, ceux de Tauste, des Bardenas, du Cinca, des Monegros et celui d’Aragon y Cataluña.

De nos jours les espaces agricoles sont de plus en plus nombreux à s’imposer dans un paysage à l’origine essentiellement steppique. Des milliers d’hectares de sols jugés autrefois improductifs se sont transformés en de véritables vergers où sont cultivés artichauts, haricots, asperges, piments, riz, luzerne, maïs, etc. Mais l’expansion des cultures irriguées a été plafonnée par l’Union Européenne afin que soit préservé un maximum de steppes, si caractéristiques de la vallée de l’Ebre.

Une végétation très variée.

Des forêts luxuriantes du nord aux steppes arides du sud, la végétation aragonaise reflète la variété géographique et climatique de la région.

A l’extrême nord (zone axiale et sierras intérieures), on observe une répartition altitudinale de la végétation répondant à un schéma typiquement alpin :

  • L’étage collinéen s’élève jusqu’à 1.200 mètres environ. Au fond des vallées alternent cultures, prairies et arbres à feuilles caduques ; sur les premières pentes prédominent les hêtres, les pins sylvestres et les chênes.

  • Dans l’étage montagnard, entre 1.200 et 1.800 mètres environ, les résineux se mêlent progressivement aux feuillus et de vastes pâturages font leur apparition.

  • L’étage subalpin s’élève entre 1.800 et 2.200 mètres environ. Les feuillus s’effacent au profit des conifères.

  • L’étage alpin-nival, au-dessus de 2.200 mètres environ, connaît une période végétative de très courte durée, les espèces végétales capables de survivre à ces altitudes sont donc peu nombreuses. La végétation arborescente, peu développée, disparaît très rapidement laissant place à de vastes prés alpins. A l’approche des plus hauts sommets, la couverture végétale tend à disparaître ; les ultimes groupements végétaux se concentrent alors sur les éboulis et dans les combes à neiges.

Rivière dans la forêt.

Les sierras extérieures (Santo Domingo, San Juan de la Peña, Guara, etc) présentent une grande variété d’espèces végétales. On trouve, entre autres, des sapins, des hêtres, des pins sylvestres et des pins noirs ; mais ce sont les espèces méditerranéennes qui prédominent (chênes verts et chênes kermès, pins d’Alep, sabines, genévriers, romarins, arbousiers, lentisques, etc).

La vallée de l’Ebre présente des conditions climatiques difficiles (températures caniculaires, faible pluviosité) et des sols pauvres contenant souvent de fortes proportions de sel gemme.
La formation végétale dominante est de type steppique. Il s’agit d’une flore herbacée, disposée de façon sporadique et entrecoupée de vastes zones dénudées. Poussent ici de nombreuses plantes xérophile et halophyte.
Les massifs forestiers sont peu nombreux et très localisés ; les plus importants étant situés dans la Sierra de Alcubierre, dans les Monts Castejon et sur les pentes des Planas de la Negra. Ces forêts sont essentiellement constituées de pins d’Alep mais poussent aussi le chêne kermès, l’yeuse, la sabine, le genévrier et le lentisque.
Quelques rares zones humides, étangs et cours d’eau, accueillent sur leurs rives une précieuse végétation lacustre et palustre.

 

Les textes, cartes et photographies figurant dans ce site internet sont de Frédéric Moncoqut
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